Aurore Favre
Aurelia Loser, un grand espoir du saut d’obstacles helvétique
Cavalière et… future psychologue ?
Pleine d’ambition, Aurelia Loser a décidé d’accompagner son début de
carrière dans le sport par des études à Fribourg. Un défi de taille, puisque
les nombreux concours internationaux l’obligent parfois à rattraper du
retard dans ses cours. Mais la jeune femme est motivée et ne veut pas
s’enfermer dans le monde du cheval. «Je n’ai jamais pensé ne faire que
ça. C’est important pour moi d’avoir une formation à côté.» Aurelia a donc
débuté un bachelor en psychologie pour devenir un jour, peut-être, coach
mentale. «Alain sera peut-être mon premier client (rires) !» La cavalière
est formelle: son expérience en compétition l’aide beaucoup dans ses
études, elle qui a fait de son calme un atout précieux.
tu sens que tu peux compter sur le soutien des autres. Tu ne l’abordes
pas vraiment comme une épreuve «standard». La victoire n’en est que
plus belle… C’était un véritable honneur de pouvoir porter la veste
rouge», se souvient la cavalière du Haut-Plateau.
—«J’espère que Quinette se souvient de Palexpo»
Aurelia Loser surprend chaque saison un peu plus. Elle a prouvé
cette année mériter entièrement sa place dans le cadre national.
Avec Alain Jufer, ils ont raflé littéralement tous les points possibles
du classement des wild cards pour Genève. Et tous deux, en équipe,
se rendront à Palexpo (ils seront même trois, puisque leur compère
Séverin Hillereau fera partie de la sélection française !) en faisant
finalement partie de la sélection officielle helvétique. A 22 ans, la
Valaisanne foulera la piste du meilleur concours du monde pour la
seconde année consécutive. Elle pourra compter sur Quinette Theod,
bien entendu, mais également sur Quelmec du Gery, hongre bai de
13 ans, avec lequel elle s’est illustrée de nombreuses fois en 2017.
Si pour «Queque», ce sera une première à Palexpo, Quinette sera,
elle, en terrain déjà presque conquis. «J’espère qu’elle va se souvenir
y avoir posé les sabots l’an dernier, rigole Aurelia. Elle est un peu
tendue en indoor, et la piste est tellement particulière à Genève…
Mais j’ai bon espoir que ce sera un peu plus facile. L’expérience de
2016 va certainement m’aider à être plus calme, à mieux gérer mon
stress.» Si elle est plus en confiance, elle ne se fixe pas d’objectifs
pour autant – «Je suis trop déçue quand je ne les atteins pas !»
(rires) –, seulement celui de prendre du plaisir.
—Un pour tous, tous pour un
En guise de soutien, elle pourra compter évidemment sur ses parents
– «Ma mère est ma plus grande fan (rires), elle adore préparer
mes chevaux en concours !» –, mais également sur toute l’équipe
des écuries de Lossy, qui est très soudée. L’entente entre les trois
cavaliers – le Jurassien Alain Jufer, le Français Séverin Hillereau
et Aurelia – est presque parfaite, même en dehors des heures de
travail. Ils s’entraident beaucoup, et cela se ressent jusque dans les
résultats. D’ailleurs, ils le répètent à qui veut bien les entendre: il n’y
pas de concurrence entre eux, ils se réjouissent avec une sincérité
touchante d’une bonne performance de l’un ou de l’autre. «C’est sûr,
ça aide de bosser dans une ambiance comme celle-ci», raconte la
Valaisanne. Si vous avez le moindre doute sur cette bonne entente,
n’hésitez pas à guigner les bords du paddock durant les parcours
d’Aurelia… Vous y apercevrez sûrement l’un ou l’autre des trois
mousquetaires (Gian-Battista Lutta compris) soutenir l’amazone.
Alain Jufer sera certainement beaucoup à ses côtés à Genève. Et
pour cause, ils partagent leurs vies depuis maintenant deux ans.
«C’est sûr que cela m’a sûrement donné encore plus envie de rester
à Fribourg, sourit Aurelia. Alain m’a beaucoup aidée à me sentir
intégrée et en confiance. Il me rassure quand j’ai des doutes, se
donne beaucoup pour que je continue à progresser, que je me sente
bien. C’est grâce à lui si j’en suis là.»
N’en doutez pas une seule seconde, Aurelia Loser est une cavalière à
suivre. Beaucoup s’accordent à dire qu’elle a un vrai talent, presque
un don. Les premiers à l’affirmer sont d’ailleurs Alain et «Tista».
«Elle a presque de trop de facilité, ça en devient énervant, rigole le
cavalier jurassien. Plus sérieusement, elle n’a jamais besoin de faire
souvent un exercice pour que ça fonctionne. Elle comprend très bien
les chevaux, s’adapte très vite. Son feeling et son calme sont ses plus
grandes qualités. Elle m’impressionne beaucoup. Je suis vraiment
fier d’elle… sinon je l’aurais déjà foutue dehors (rires) !» Quant au
marchand fribourgeois, il est ravi de l’avoir accueilli dans ses écuries:
«J’ai toujours confiance en elle, je ne doute jamais avant de lui
confier un cheval. Elle est très douée, j’ai su tout de suite quand elle
est arrivée qu’elle avait beaucoup de talent. Ce qui fait sa force, ce
sont ses nerfs: elle reste très calme en toutes circonstances et ne se
laisse pas impressionner. Avec elle, Alain et Séverin, j’ai vraiment une
bonne équipe de cavaliers qui peuvent tous faire quelque chose de
formidable avec les chevaux.»
Reportage photographique à Lossy: Clément Grandjean