Cavalier émérite puis meneur d’hommes exceptionnel
Certains le voient comme un chef dur et intransigeant – vrai que certains jeunes ont été
«douchés» lorsqu’il était chef de la relève suisse –, d’autres comme un bon père attentionné,
prêt à passer une nuit blanche pour veiller un cheval souffrant (comme Flora de Mariposa aux
JO de Rio) ou pour écouter les misères, privées ou sportives, de ses cavaliers.
La vérité est sans doute dans la seconde version. Le Jurassien a parfois un air ou un ton de
sergent-major (lui le dragon un peu réfractaire de la dernière volée de la cavalerie !), mais c’est
plutôt une apparence, car il ne manque ni de psychologie, ni d’entregent. Il aime certes bien
prendre les gens à contre-pied – la contradiction l’amuse –, mais sa spontanéité et son franc
parler font du bien. Et cette sincérité, cet inlassable engagement, en même temps que ses
immenses connaissances du sport et du milieu, font de lui un homme extrêmement respecté.
Comme cavalier, malgré tous les efforts de
son regretté père Serge, il n’a pas toujours
eu les chevaux que son talent méritait.
Quatrième des Européens juniors 1978,
il perça très vite. «Philippe avait à peine
16 ans, mais il était déjà le plus fort, les
sélectionneurs faisaient tout pour l’écarter,
parce qu’il était doué ou Romand… ou pour
ces deux raisons à la fois», expliquait Serge
Guerdat avec son franc parler. Chez les
Guerdat on est plus caustique, provocateur
que flatteur, c’est sûr.
Des couleuvres, Philippe Guerdat, lui le
minoritaire dans un univers helvétique alors
très alémanique, devra en avaler pas mal
durant sa carrière: est-ce pour cela qu’il
deviendra trente ans plus tard sélectionneur
et chef d’équipe à son tour ? Comme pour
réparer des injustices ? Il disputera deux
Olympiades, mais sans monter sur le podium
(5e à Los Angeles et 7e à Séoul, les deux
fois par équipe), décrochera deux médailles
1—A 19 ans, sur la grosse butte d’Yverdon-les-
Bains avec Oscar V.
2—Victorieux du GP de Tramelan en 1982 avec
Liberty. Le lendemain, le Jurassien remportait
la finale de la Coupe Suisse en montant
notamment le fameux Beethoven.
3—Avec Pybalia lors de sa victoire dans la Coupe
des Nations d’Aix-la-Chapelle, en 1984.
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