10—Aux Jeux mondiaux de Caen-Normandie,
avec Pénélope Leprévost, Kevin Staut,
Simon Delestre et le double médaillé d’argent
Patrice Delaveau.
Aurore Favre
Mais l’homme aime les défis. Alors, malgré
la vie agréable qu’il mène dans le Plat Pays,
lorsque la France vient le chercher pour qu’il
reprenne les rênes de l’équipe tricolore,
Philippe Guerdat n’hésite pas vraiment.
«J’ai pensé que cela allait être ma dernière
équipe, mon dernier défi. La proposition
est arrivée au bon moment. La France est
une grande nation d’équitation, et il y avait
beaucoup à accomplir avec les athlètes à
disposition. Bien sûr, il y a toujours un peu
le paramètre chance qui vient mettre son
grain de sel, mais ensemble, on a accompli
de belles choses.» S’il fallait n’en citer que
deux: la double médaille d’argent aux Jeux
Équestres Mondiaux à Caen en 2014 et,
surtout, l’honneur de monter sur la plus
haute marche du podium en équipe aux
Jeux Olympiques de Rio. «La France avait
tellement attendu cette médaille. Comme
chef d’équipe, j’ai été très fier, j’ai eu ce
sentiment que la boucle était bouclée.
Je ne fais pas ce métier pour me tirer la
couverture – je suis un passionné avant
tout –, mais cette victoire des JO, une petite
partie m’en revient et récompense le travail
accompli jusque-là.»
—La fierté d’un père
Chacun étant présent dans les plus grands
rendez-vous – avec un rôle différent
certes –, il est difficile de complètement
dissocier le père du fils. La passion des
chevaux et du travail bien fait les unit. En
tant que père, et non pas en tant qu’oeil
avisé, Philippe se souvient de quelques
instants qui ont construit la carrière de
son fils. «La première victoire de Steve
dans le Grand Prix à Genève, en 2006, a
été un moment très fort en émotions pour
toute la famille. Il revenait de nulle part, et
ça l’a complètement relancé.» Et puis six
ans plus tard, voilà que le jeune Jurassien
remporte l’or individuel aux JO de Londres
avec son fantastique Nino des Buissonnets.
«Les Jeux, c’est le Graal absolu, certains
immenses cavaliers n’ont jamais réussi à
les gagner. Alors évidemment, c’était une
fierté gigantesque.» Cette fierté, Philippe
la porte au quotidien pour ses enfants: «Je
suis fier de mes deux fils, Yannick et Steve,
de tout ce qu’ils ont accompli. Évidemment,
c’est un plaisir particulier de partager ma
passion avec le cadet, mais je ne fais pas de
différence.»
—Et la suite ?
«Je ne me fixe pas de date, je ne sais pas
ce que je vais faire plus tard, pour être
honnête. Tout le monde me parle de retraite,
mais il peut se passer tellement de choses
dans la vie. Bien sûr que j’y ai déjà réfléchi,
mais je ne suis pas quelqu’un d’inactif, je ne
me vois pas passer mes journées à pêcher
ou à me promener en forêt. J’aime trop la
vie que je mène, et j’ai encore l’illusion de
pouvoir améliorer et perfectionner ce sport
qui me passionne tellement.»
Si certains envisagent la possibilité que
Philippe Guerdat porte un jour la casquette
de chef d’équipe pour la Suisse, qu’ils
ne se fassent pas trop d’illusions. «Trop
compliqué ! Je suis quelqu’un d’entier qui
ne fait pas de différence ou de favoritisme
entre les cavaliers, mais on m’accuserait
probablement d’être trop proche de l’un ou
l’autre. Comme de mon fils par exemple,
même si tout le monde sait que c’est l’un
des piliers du cadre. Enfin, ce n’est pas le
monde des bisounours, mais certains ont
tendance à l’oublier. Alors, non, je ne serai
pas sélectionneur de l’équipe helvétique.
Cela risquerait de créer trop de tensions.»
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Cavalier émérite puis meneur d’hommes exceptionnel
compétition
saut & dressage école pension de chevaux
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