Clément Grandjean
Louis Konickx mettra les cavaliers face à des choix tactiques
1—Luc Musette (à gauche) et Gérard Lachat, le
tandem de constructeurs qui officiait à Genève
l’an dernier. En 2017, Louis Konickx prend
la succession de Luc Musette aux côtés du
Jurassien.
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Des épreuves analysées
(MS) Le Concours Hippique International de Genève est un pionnier en
matière de statistiques dans le domaine équestre. Très utilisées dans
de nombreux sports, comme le tennis par exemple, ces données sont
rares en hippisme, et le CHIG a été le premier au monde à en proposer
en 2015.
Pour ce faire, le Concours s’est adjoint les services de la société vaudoise
Alogo Analysis afin de fournir au public, aux téléspectateurs du monde
entier, aux journalistes et aux commentateurs des statistiques leur
permettant de suivre l’épreuve d’une nouvelle manière.
Les données proposées par Alogo, société détenue par le cavalier
suisse David Deillon, permettent lors d’une épreuve de connaître le
pourcentage de fautes par obstacles, le pourcentage de cavaliers ayant
dépassé le temps autorisé ou encore la vitesse instantanée. Des temps
intermédiaires sont proposé lors des barrages ou deuxièmes manches
afin de voir en temps réel si un concurrent et en avance ou en retard
par rapport au leader. Par ailleurs, à l’issue des épreuves, une vidéo
superposant les parcours du vainqueur et de son second permet de
découvrir où les concurrents ont perdu ou gagné du temps.
La solution d’Alogo Analysis sera utilisée lors du Credit Suisse Grand
Prix, de la Coupe de Genève présentée par le PMU Romand, du Cross
Indoor présenté par la Tribune de Genève, de la Finale du Top 10 Rolex
IJRC, ainsi que lors du Grand Prix Rolex.
Ces statistiques et vidéos pourront être consultées en direct sur alogo.
live depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
Demandez au Néerlandais s’il préfère un type de parcours et il vous
répondra, après quelques secondes de réflexion: «Deux épreuves
sont particulièrement exigeantes. Le Grand Prix, bien sûr, parce qu’il
cristallise toutes les attentes. L’autre ? Les épreuves de vitesse.
Le constructeur doit y trouver des options intéressantes pour les
cavaliers, utiliser l’espace au mieux. Une piste aussi grande que celle
de Genève change des options qui, sur le papier, me semblaient quasi
impossibles en de véritables boulevards.»
—Jouer la montre plutôt que la hauteur
Tous les constructeurs le disent, la qualité des chevaux et des
cavaliers ne cesse de grimper. Dans ces conditions, pas facile de
proposer des parcours suffisamment délicats pour départager les
champions. «Rehausser les obstacles n’est pas la solution, assure
Louis Konickx. C’est inutilement dangereux. Aujourd’hui, nous jouons
avec les distances pour proposer des contrats de foulées subtils,
forcer les cavaliers à faire des choix tactiques.» L’autre atout du
chef de piste, c’est le chronomètre. Le temps accordé devient un
véritable juge de paix. «Un obstacle situé dans une courbe ne pose
aucun problème aux cavaliers, explique le constructeur. Imposez
un temps court pour les forcer à couper leur virage, et il deviendra
immédiatement plus délicat.» Sur la piste de Palexpo, le Néerlandais
pourra encore s’appuyer sur un parc d’obstacles renouvelé, quelques
nouveaux venus faisant leur apparition (voir en page 85). «La tendance
du moment, c’est d’utiliser des obstacles moins bigarrés, plus vides, et
des couleurs unies afin de rendre les distances difficiles à estimer.»
Au contraire des cavaliers qui brillent sous les feux des projecteurs,
le métier de constructeur se joue dans l’ombre. Ce qui n’est pas pour
déplaire à Louis Konickx: «Les vraies stars, ce sont les chevaux et
les cavaliers, assure-t-il. Tandis que nous avons plusieurs semaines
pour préparer nos parcours, eux n’ont que
quelques secondes pour les franchir. Il faut
être humble pour être un bon constructeur.»
A l’heure de cette interview, Louis
Konickx et Gérard Lachat planchent sur
les parcours qu’ils proposeront lors du CHI
de Genève. Mais ils se laissent une marge
de manoeuvre. «Il faut laisser s’écouler un
peu de temps, explique le Néerlandais.
Vous savez, comme lorsque vous peignez
un tableau. Sur le moment, il vous semble
très réussi, mais quand vous le ressortez
quelques jours plus tard, vous vous dites
qu’il n’est pas aussi splendide que cela...
Nous modifierons sans doute encore nos
plans durant le week-end.» Pour voir le
résultat, rendez-vous en bord de piste !