Aurélie Kuntschen
Antonella Joannou évoque sa carrière et les chevaux qu’elle a montés
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5—Grâce à Wantino CH, Antonella renoue
avec l’élite suisse
6—Le coup de coeur pour son premier
cheval bien à elle, Brazilia
7—Un grand moment d’émotion pour
l’amazone, sa participation au CHI de
Genève 2016, avec son fidèle Dandy de
la Roche CMF CH. 5
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chevaux coincés dans leur propre corps, qui peinent à sortir de leur carapace et à s’exprimer. Il
faut alors les libérer. Les chevaux chauds sont plus difficiles à monter. On a tendance à les freiner,
à casser leur rythme de locomotion», explique la cavalière suisse.
A 26 ans, après avoir consacré toutes ces années aux compétitions de dressage, Antonella
Joannou marque une pause, au profit de sa vie familiale et personnelle. Durant cette période,
elle achète tout de même son premier cheval, une immense jument bai cerise. «Brazilia était
absolument sublime, un véritable coup de coeur», se remémore-t-elle. Ensemble, elles sont allées
jusqu’en S. «Mais nous n’avons pas pu dépasser ce niveau. Brazilia m’a enseigné quelque chose
de très important: ne jamais franchir les limites physiques et mentales du cheval. Elle m’avait tout
donné. La forcer à aller plus loin, cela l’aurait brisée. Il faut accepter ces limites, même si elles
mettent fin à une belle histoire ».
Brazilia lui a toutefois redonné goût à la compétition, et c’est avec Wantino CH qu’elle renoue
avec l’élite suisse. Alezan brulé, très grand, ce majestueux étalon la pousse à se dépasser.
«Wantino était très généreux. Il m’a appris que même si l’on ne se sent pas prêt, il faut y aller et
sortir en compétition. Au final, personne n’est vraiment prêt à 100%, il faut simplement avoir le
courage de se lancer», constate Antonella Joannou.
—Dandy de la Roche CMF, l’élite internationale et… Genève
Durant ses années «Wantino», la cavalière suisse a un coup de foudre pour un petit étalon alezan
de 3 ans, un certain Dandy de la Roche CMF. «Quand il est descendu du camion, j’ai eu un flash.
Il était magnifique, avec sa couleur alezane dorée et sa queue touffue comme celle d’un poney
shetland. Mais une fois en selle, je n’ai pas eu de sensations spécialement bonnes», raconte
Antonella. L’étalon la secoue beaucoup, la cavalière peine à s’asseoir. Elle a le sentiment qu’il
est certes très appliqué, mais beaucoup trop renfermé sur lui-même. «Effectivement, c’était
une carapace ! Dandy est un véritable coquin. Nerveux, il peut vite exploser.» Elle l’achète
malgré tout et s’ensuit une période difficile, marquée par des problèmes de communication et
de compréhension. «Dandy était mon challenge. Il m’a forcée à lui faire confiance, et j’en ai fait
de même avec lui. Un grand respect s’est installé entre nous et, aujourd’hui, nous avons une
complicité incroyable.»
Ensemble, ils gravissent les échelons et
régatent aujourd’hui avec les plus grands.
«Grâce à Dandy, je vis une des plus belles
périodes de ma vie. Je voyage partout dans
le monde, je progresse et, surtout, je prends
du plaisir à le monter en concours.» Bête
de compétition, Dandy de la Roche CMF se
dépasse sur chaque programme, comme lors
des Championnats d’Europe à Göteborg cet
été. «C’est l’un de mes plus beaux souvenirs.
Vivre cet événement a été incroyable. Mais
nous devons encore nous faire la main, nous
sentir plus libres, légitimes, moins scolaires»,
analyse l’amazone suisse.
Maintenant, il y a le CHI de Genève. «Ce
concours est unique, et je suis vraiment
heureuse que le dressage y soit à nouveau
programmé. Ici, on est reçu comme nulle part
ailleurs et en plus, c’est la maison. On est
porté par le public.» Genève a évidemment
une saveur particulière pour la cavalière,
seule représentante romande à ce niveau.
«Cette année, nous allons encore davantage
en profiter. Une partie du stress s’est envolée
avec la première édition. Maintenant, place
au plaisir», conclut Antonella Joannou.