Ces obstacles qui font l’identité du CHI de Genève

Ces obstacles qui font l'identité du CHI de Genève

Le CHI de Genève est depuis de nombreuses années auréolé du titre de meilleur concours du monde. Les raisons ? Elles sont multiples, évidemment. On évoque souvent l’âme de cette manifestation unique, le niveau du sport ou l’enthousiasme du public… Mais il faut admettre que l’originalité du parc d’obstacles fait également partie de la singularité du concours genevois.

Vous les connaissez, ces obstacles: un mur surmonté de petites vaches sculptées, les tours du Molard, un alignement de sonnailles ou la rade de Genève, autant de références à la Suisse et à la cité de Calvin que les organisateurs tiennent à mettre sous les projecteurs. Mais cela ne s’arrête pas au clin d’œil touristique, car des obstacles originaux et parfois personnalisés sont aussi d’excellents moyens de marquer les esprits. Et donc de contribuer à la forte identité de l’événement, à l’heure où les parcs d’obstacles tendent à s’uniformiser et les terrains de concours à se ressembler d’un bout à l’autre de la planète. Mais les obstacles si particuliers de Genève constituent-ils des difficultés pour les chevaux ou pour les cavaliers ? Nous avons demandé au chef de piste Gérard Lachat de nous expliquer les subtilités de ces sauts que l’on voit sur la piste de Palexpo.

Les murs

Très impressionnants pour l’œil du spectateur, les murs ne sont pas pour autant aussi délicats qu’ils n’y paraissent: «Les murs ne sont pas des obstacles compliqués à sauter pour les chevaux, explique Gérard Lachat. Il y a certes quelques chevaux qui regardent les murs, mais en principe ces derniers ne représentent pas de difficultés majeures. Par exemple, le mur gris et blanc aux couleurs d’un sponsor – Bory – est souvent sur la piste, et se saute relativement bien. La difficulté vient des obstacles que le cavalier franchit avant ou après, selon les distances à respecter. Par exemple, si la distance suivante est plutôt longue, cela pousse le cavalier à aborder le mur avec une bonne galopade. Après le mur, le cheval peut donc se désunir et commettre une faute sur l’obstacle suivant. On essaie donc de mettre le mur à un endroit où il va apporter de la subtilité technique au parcours. Le mur avec les vaches, quant à lui, a posé quelques problèmes les premières fois qu’on l’a intégré au tracé. Aujourd’hui cependant, montures comme cavaliers sont habitués à celui-ci, et il ne les surprend plus. Il ne faut pas oublier que l’on a affaire aux meilleurs chevaux et pilotes du monde à Genève, ils sont donc très souvent confrontés à des obstacles particuliers.»

La Suisse et Genève à l’honneur

La tradition suisse est bien valorisée sur différents obstacles, notamment celui des cloches: «C’est un obstacle plutôt banal, que les chevaux sautent bien, estime Gérard Lachat. Les barres sont bien visibles, il n’est pas compliqué en lui-même. C’est un très joli obstacle, qui a été pensé spécialement pour Genève et que l’on ne voit par conséquent nulle part ailleurs.»

Les tours du Molard sont elles aussi emblématiques du CHIG, et le chef de piste a tout loisir de les utiliser de différentes manières: «Les montants larges des tours du Molard éloignent un peu les chevaux de l’obstacle, car elles le marquent plus, donc ce n’est pas un avantage pour nous. On peut le construire avec des barres classiques, mais aussi avec l’ancien portail de Genève. Ce dernier, parce qu’il forme un obstacle plus étroit, devient soudain délicat. Par son abord, son front réduit, c’est un obstacle intéressant à utiliser pour un chef de piste. En outre, au niveau esthétique, les tours et le portail en font un très joli obstacle.»

La rade de Genève mérite aussi sa place dans cette liste des obstacles typiquement genevois: «C’est un obstacle de palanques qui, normalement, est très délicat. Mais comme il a l’apparence d’un grand panneau plein, les chevaux s’éloignent un peu, le sautent bien, et il ne constitue dès lors pas une grande difficulté.»

Vert et or

Rolex étant le fidèle presenting sponsor du CHIG, l’obstacle de la marque horlogère suisse est omniprésent sur la piste de Palexpo. Pourtant, comme le précise Gérard Lachat, l’équipe de piste peut le modeler pour le rendre lui aussi un peu différent: «C’est un obstacle que l’on voit toujours dans les concours Rolex. À Genève, on a la chance de pouvoir varier un peu en proposant parfois une palanque plus étroite. Mais l’obstacle en lui-même ne pose pas de problème particulier.»

L’ENVIRONNEMENT

Grand écran, entrée de piste ou lac, les alentours de la piste sont également des données à prendre en compte dans l’élaboration d’un parcours et peuvent créer des difficultés. «Même si les chevaux présents à Genève sont aguerris, l’entrée de la piste peut toujours poser quelques problèmes, note Gérard Lachat. Il y a peu de chevaux qui vont être dérangés, mais il y en a toujours un ou deux pour lesquels cela crée une délicatesse, notamment si, après un virage devant l’entrée, il y a un bon oxer qui les attend. Quant au lac, il ne constitue pas une difficulté à proprement parler, mais on peut jouer avec lui. C’est-à-dire qu’on peut mettre un obstacle assez près ou en direction de celui-ci, et que cela peut instaurer une difficulté supplémentaire.»

En parlant d’eau, un nouveau double de bidet a fait son apparition: «Depuis peu de temps, on met aussi un double de bidets le long du lac, pour faire un clin d’œil au célèbre obstacle d’Aix-la-Chapelle. À Genève, ce double est délicat à cause des projecteurs. Ils l’éclairent et s’y reflètent en autant de points blancs qui peuvent surprendre les chevaux.»

La décoration

Après avoir évoqué les obstacles eux-mêmes, il ne faut pas oublier de mentionner les décorations qui encadrent les obstacles. «Dans tous les grands concours, de plus en plus de soin est apporté à la décoration, et Genève ne fait pas exception à la règle. Aux manettes, nous avons une équipe de décoration, dirigée avec enthousiasme par Anne-Laure Pellanda, très impliquée. Elle essaie d’apporter des nouveautés chaque année, et nous pouvons vraiment dialoguer avec elle. De manière générale, nous autres constructeurs n’aimons pas trop qu’il y ait beaucoup de décorations à l’avant des obstacles: cela donne du pied, ce qui aide donc le cheval. Nous demandons donc une décoration sur les bords et plutôt en retrait des obstacles. Si on veut par exemple qu’un obstacle soit délicat, il faut éviter l'abus de décoration. Mais c’est vraiment l’idéal de pouvoir dialoguer ainsi et l'équipe en charge à Genève. C’est le top ! La décoration, c’est vraiment important pour l’œil et le cachet du concours, mais elle peut également jouer un vrai rôle et amener une petite finesse supplémentaire au tracé.»

Il ne nous reste plus qu’une chose à faire: attendre décembre pour voir en direct les subtilités que Gérard Lachat va réserver aux chevaux et aux cavaliers pour cette 60e édition.

Orianne Grandjean

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