La Suède, terre de conquérants

Champions olympiques et du monde, les Suédois traversent une période dorée. Ultrafavoris des derniers Mondiaux de Herning, ils n’ont pas failli et sont repartis auréolés du titre par équipe, un an après l’or olympique à Tokyo.

Si Henrik von Eckermann, Peder Fredricson, Malin Baryard-Johnsson et Jens Fredricson sont sous les feux des projecteurs, un homme partage aussi ces années fastes du jumping suédois: le chef d’équipe Henrik Ankarcrona. Interview d’un homme comblé, mais résolument tourné vers l’avenir et les défis qui l’attendent.

Depuis votre arrivée à la tête de l’équipe suédoise en 2016, vous avez décroché neuf médailles (par équipe et en individuel) lors des différents championnats et Jeux Olympiques. Comment expliquez-vous un tel succès ?

Henrik Ankarcrona: Ce n’est pas évident à analyser. Les cavaliers ont fait de nombreux championnats ensemble, ils se connaissent tous très bien et ont un extraordinaire esprit d’équipe. Nous avons aussi la chance d’avoir depuis plusieurs années des propriétaires fidèles qui gardent leurs chevaux, ce qui donne de la confiance aux cavaliers. Ils peuvent ainsi les construire sur le long terme. Les athlètes sont aussi très forts dans la gestion de l’équipe qui les entoure, entretiennent de bons contacts avec leurs propriétaires et leurs sponsors… Je pense par ailleurs que j’ai pu mettre en place un bon staff, vétérinaire compris, et que je bénéficie du soutien de la fédération nationale. Mon job, c’est de faire en sorte que les cavaliers puissent se concentrer uniquement sur ce qu’ils ont à faire en piste. Ils savent que tout est mis en œuvre pour qu’ils puissent performer. Évidemment, nous avons actuellement d’excellents chevaux, que l’on gère au mieux pour qu’ils restent en forme et en bonne santé. C’est une part importante de ces succès. Ce n’est toutefois pas suffisant d’avoir les meilleurs cavaliers, ni les meilleurs chevaux, mais il faut encore que tout fonctionne ensemble au bon moment. Pour différentes raisons, nous avons réussi à le faire à plusieurs reprises. Je m’efforce de trouver les clés pour comprendre ce qui fonctionne ou non, pour essayer de le reproduire lors du championnat suivant, qui sera différent. Je n’ai pas toutes les réponses, mais j’y travaille !

La Suède ne semble tout simplement pas jouer dans la même catégorie que les autres équipes. Quel est le secret de votre équipe ?

Les cavaliers ont un certain âge, ils ont une expérience de la vie. Ils se connaissent très bien. Ils savent quand ils doivent rester en retrait, quand ils doivent soutenir. Ils savent ce que je veux, et je sais ce qu’ils veulent. On essaie de trouver un juste milieu. Vous savez, une équipe n’est jamais plus forte que son maillon le plus faible. À nous de mettre le doigt sur ce point faible pour le consolider et tirer l’équipe vers le haut. Et puis, quand vous avez ces personnes expérimentées, qui sont au top, il faut leur donner de l’espace pour qu’ils puissent avoir leurs propres plans et leur faire confiance. Je dois être sûr que chaque cavalier a le même objectif, mais aussi être capable de leur laisser de la liberté. Lorsque des questions se posent, ils trouvent souvent eux-mêmes la solution grâce à leur expérience. Je leur laisse le choix et ne leur impose pas de participer à tel ou tel concours. Je préfère les laisser choisir, parce qu’ils sont les mieux à même de décider du programme de leurs chevaux de tête. Les chevaux sautent beaucoup, de nos jours, et une bonne gestion de leur planning, qui leur permet de rester frais et motivés, est souvent la clé d’une réussite en championnat.

Peder Fredricson, Henrik Von Eckermann, Jen Fredricson, Malin Baryard Johnsson et Henrik Ankarcrona (de gauche à droite) célèbrent leur victoire à l'issue de l'épreuve par équipe des championnats du monde d'Herning. (photo Pierre Costabadie/Scoopdyga) Peder Fredricson, Henrik Von Eckermann, Jen Fredricson, Malin Baryard Johnsson et Henrik Ankarcrona (de gauche à droite) célèbrent leur victoire à l'issue de l'épreuve par équipe des championnats du monde d'Herning. (photo Pierre Costabadie/Scoopdyga)

Comment appréhendez-vous le futur ?

Ça me travaille beaucoup. Nous sommes très forts en ce moment, et ce n’est évidemment pas possible de rester au top indéfiniment. Quand vous avez une chance de podium dans un championnat, voire que vous cherchez une qualification olympique, vous ne vous posez pas de questions, vous emmenez les meilleurs couples du moment. Dans les Coupes des Nations, en revanche, j’essaie tout au long de l’année de tester des cavaliers moins expérimentés et des jeunes chevaux pour construire le futur. Je me suis vraiment attelé à cette tâche. 2023 sera une année de transition, je pourrai donc faire d’autres plans, y compris pour les grands rendez-vous où je laisserai une place à d’autres cavaliers.

Mis à part cette équipe de tête, est-ce qu’il y a un réservoir assez large de chevaux et de cavaliers ? D’ailleurs, la Suède sera en division 2 l’an prochain. Cela semble paradoxal, non ?

Oui. C’est vrai que cette année, j’ai justement insisté pour essayer d’élargir notre panel de recrues. Nous n’avons pas été assez bons, mais nous ferons tout pour réintégrer la division 1.

Et vous, en tant que chef d’équipe, de quoi rêvez-vous encore ?

Mon prochain grand objectif est évidemment Paris 2024. C’est un plan à long terme. Évidemment, j’ai aussi des buts plus immédiats, comme les Européens 2023 et le retour en division 1. Je suis très fier et regarde avec beaucoup de satisfaction ces succès et tout ce travail accompli avec des cavaliers fantastiques, mais je ne suis pas du genre à m’attarder sur le passé. Je regarde vers le futur: chaque championnat est différent, et il y toujours quelque chose à assimiler, à améliorer, de nouveaux chevaux, de nouvelles personnes, de nouveaux concours à découvrir. C’est un apprentissage constant et résolument orienté vers l’avenir.

Propos recueillis par Oriane Grandjean

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