Cette saison, les newsletters du CHI de Genève rendent hommage aux chevaux de légende ayant marqué l’histoire du concours genevois, soit à compter de 1991, année de la première édition disputée à Palexpo. Pour ce troisième numéro, il semblait logique que le charismatique Shutterfly succède au brillant Baloubet du Rouet.
Pour relire les premiers numéros de notre série consacrée aux chevaux de légende, c'est par ici :
Shutterfly, petit hongre si spécial
Le 28 janvier 2023, Meredith Michaels-Beerbaum annonçait sur les réseaux sociaux le décès de son fidèle Shutterfly, à l’âge de trente ans. Cela faisait vingt-quatre années que les deux complices vivaient côte-à-côte, ayant notamment gravé leurs noms à deux reprises au palmarès de la mythique Finale du Top Ten Rolex IJRC, parmi tant d’autres victoires.
Entre 2003 et 2006, Shutterfly et Baloubet du Rouet, respectivement sous les selles de l’Allemande et du Brésilien Rodrigo Pessoa, n’ont cessé de se passer le flambeau au sommet de Palexpo. Et pour cause ! Vainqueurs en 2003, Rodrigo et Baloubet se sont inclinés l’année suivante au profit du Hanovrien et de son amazone. En 2005, les voilà qui prennent leur revanche en se distinguant à nouveau, avant de laisser une nouvelle fois la place à Shutterfly et Meredith en 2006 !
« C’était il y a longtemps maintenant, mais je me souviens que la Finale du Top Ten était la plus prestigieuse et la plus difficile épreuve de la saison indoor. Pour autant, quand je montais Shutterfly, j’avais une immense confiance, tellement je le savais capable de gagner. Notre première victoire a été une très agréable surprise. La seconde est arrivée alors que nous vivions notre meilleure période ensemble et que j’espérais m’imposer. Je me souviens encore de la dernière ligne du barrage. C’était une très longue ligne en sept foulées, entre un gros oxer et un vertical. J’ai voulu en faire six… Il s’est comporté comme un cheval de course, et j’ai remporté l’épreuve ! Parce que Shutterfly était capable d’aller très vite, même sur des obstacles d’1,60m », nous confiait la cavalière voilà quelques jours. « J’ai remporté à Palexpo deux de mes plus belles victoires. C’était incroyable, un véritable accomplissement d’être la meilleure parmi les meilleurs. L’atmosphère à Genève est fantastique, unique au monde, ce qui pousse les cavaliers à donner tout ce qu’ils ont », s’exprimait l’intéressée au micro de l’émission « Légendes cavalières », présentée par Pascal Boutreau, en 2022. Ces deux victoires ont en effet marqué les esprits et les fidèles de Palexpo. Il faut dire que Meredith Michaels-Beerbaum et son athlétique bai ne passaient pas inaperçus. Dès qu’ils entraient en piste, ils faisaient office de grands favoris…
Le petit hongre – 1,66m au garrot –, né en 1993, avait été repéré par Meredith à l’âge de six ans sur une épreuve réservée aux jeunes chevaux. « Il obtenait des résultats assez normaux, mais avait quelque chose de spécial qui m’a tapé dans l’œil. Il n’était pas encore LE Shutterfly que tout le monde a connu par la suite », se remémorait sa cavalière dans « Légendes cavalières ». À l’époque, le futur crack répondait d’ailleurs au nom de Struwwelpeter, et son éleveur ne souhaitait pas encore le vendre. Mais celui-ci recontacte Meredith quelques mois plus tard, qui en achète la moitié. Enfin, les Américains Jim et Nancy Clark, mécènes de la cavalière, deviennent propriétaires du futur prodige et décident de le rebaptiser Shutterfly.
Un jeune cheval fougueux
Nous sommes en 1999, et le petit bai débarque dans les écuries de Markus et Meredith Michaels-Beerbaum. Commence alors une longue période d’adaptation pour le jeune cheval fougueux, qui s’avère difficile, immature et particulièrement sensible. Travail et talent ont ainsi façonné ce diamant brut. Et, à partir de 2002, les résultats commencent à s’enchaîner, Shutterfly devenant l’un des meilleurs chevaux de la planète. Ensemble, le couple a ainsi comptabilisé 36 victoires internationales dont 17 en Grand Prix CSI 5*, sans oublier trois premières places lors des finales de Coupe du Monde en 2005, 2008 et 2009. L’Allemande devient même alors la première femme numéro 1 mondial ! En 2011, alors âgé de 18 ans, le hongre se voit offrir une retraite bien méritée et un hommage sur le mythique stade d’Aix-la-Chapelle, quelques jours seulement après une ultime victoire dans le Prix de l’Europe. « Si je devais résumer ce cheval en trois mots, ce qui est un exercice très compliqué, je dirais qu’il était facile à vivre, anxieux et que c’était un génie », conclut aujourd’hui sa fidèle partenaire.
Désormais, comme E.T., Calvaro et Baloubet, autres stars de la piste ayant marqué Palexpo et auxquelles cette newsletter a déjà rendu hommage, Shutterfly restera éternellement dans le cœur des passionnés de chevaux et de grand sport, indissociable de l’histoire du Concours Hippique International de Genève.
Sophie Lebeuf
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