Ces chevaux qui ont marqué Palexpo (6/6) : Nino des Buissonnets
Cette saison, les newsletters du CHI de Genève rendent hommage aux chevaux de légende ayant marqué l’histoire du concours genevois, soit à compter de 1991, année de la première édition disputée à Palexpo. Pour ce sixième et dernier épisode, on vous parle de l’incontournable Nino des Buissonnets.
Pour relire les premiers numéros de notre série consacrée aux chevaux de légende, c'est par ici :
Le Roi Nino
Il n’y en aura jamais deux comme lui. D’ailleurs, par son palmarès chaque année plus impressionnant, il a été représenté pas moins de trois fois (2012, 2013 et 2016) sur l’affiche du CHI de Genève ! Retour sur le parcours d’un roi pas comme les autres, Nino des Buissonnets.
Décembre 2024, à quelques heures de la 63e édition du CHI de Genève. Cet été, Steve Guerdat s’est paré d’argent aux Jeux Olympiques de Paris, en selle sur sa formidable Dynamix de Bélhème. Le Jurassien espère bien, grâce à elle, décrocher une quatrième victoire dans le Rolex Grand Prix de Genève. Douze ans plus tôt, il était en or à Londres avec son génial Nino des Buissonnets et, en décembre 2013, ces deux mêmes remportaient le Rolex GP sur la piste de Palexpo. Et puis encore deux ans plus tard, la paire offrait un barrage d’anthologie aux spectateurs genevois, devançant d’à peine trois petits centièmes Simon Delestre et Qlassic Bois Margot. Dans les gradins, on n’entendait que la mesure des sabots du roi Nino, les rares fois où ceux-ci se posaient sur le sable pour reprendre son élan. Et puis des vrombissements de joie : vive le roi !
L'été 2016, l’extraordinaire hongre selle français et son cavalier passaient à un cheveu de l’exploit et d’un doublé historique aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro : 4es, à cause d’une petite faute au barrage, sur le N°1 ! Enfin, en décembre de cette même année, Steve Guerdat emmenait Nino des Buissonnets une dernière fois au CHI de Genève et, au terme de son tout dernier Grand Public, le public et son cavalier lui rendaient hommage comme il le méritait. « Il a fait de moi certainement l’homme le plus heureux du monde ces dernières années. Je ne pourrais jamais assez le remercier. » Si pudique d’habitude, Steve Guerdat était ému aux larmes au moment de s’exprimer pour les adieux de son Nino : « Tu m’as tout donné, et même si tu ne seras plus dans le camion ou en concours avec nous, sache que tu seras toujours dans mon cœur. Merci, je t’aime. ».
Aujourd’hui âgé de 23 ans, Nino des Buissonnets coule des jours heureux dans le Val de Saire, où l’herbe est grasse et le temps s’étire lentement. Le selle français a rejoint les prairies normandes il y a cinq ans, après avoir passé les trois premières années de sa retraite dans les écuries de Steve Guerdat, où il partageait ses journées entre les prés et des balades dans les bois d’Elgg. Le champion olympique 2012 aimait voir son complice par sa fenêtre lorsqu’il se réveillait le matin…
Il a été difficile de se séparer de celui qui vous a tant apporté, avec lequel on a tant vécu. « J’essaie d’aller le voir au moins une fois par année, mais c’est vraiment loin », souriait Steve lorsque l’on a évoqué son ancienne star il y a quelques jours. « Bien sûr, il me reconnait encore, mais ce n’est pas vraiment un cheval très chaleureux ! Il a toujours été très indépendant, pas forcément très proche de l’homme », s’amuse le Jurassien.
Du caractère, ça, il en avait ! La langue toujours un peu sortie, l’œil attentif, un mental de guerrier, une technique à couper le souffle. Nino des Buissonnets était fait pour le sport, fait pour gagner. Né dans le nord de la France, chez Nicolas et Caroline Deroubaix, ce fils de Kannan fait ses gammes d’abord avec Guillaume Foutrier, du circuit jeunes chevaux aux compétitions internationales. Après un passage en Allemagne chez Tim Holster, qui le mène jusqu’au haut niveau, il est acheté par Urs Schwarzenbach pour être confié à Steve Guerdat. En décembre 2010 démarre alors la belle histoire que l’on connait… « Il a marqué ma vie, bien sûr, mais également l’histoire du sport suisse, des sports équestres. Personne ne peut l’oublier, je crois. » Ce n’est certainement pas le public du CHI de Genève qui va contredire Steve Guerdat.
Aurore Favre
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