Il a souvent été dans l’ombre de ses voisins de box, entre Mumbai et Just be gentle, pour ne citer qu’eux. C’est pourtant lui qui a offert le plus beau métal à son cavalier, lui décrochant le Graal. Portrait de l’indépendant et intelligent Checker, champion olympique sous la selle de Christian Kukuk.
En passant proche de la porte 622 de Palexpo, on ne se doute pas forcément que derrière s’y cache un champion olympique. En arpentant les couloirs des écuries du CHI de Genève, voilà qu’une longue encolure grise se dresse sur notre chemin. Les deux sabots en dehors de son box, Checker fait son curieux. Les oreilles en arrière, il ne semble pourtant absolument pas agressif. «Il fait juste son intéressant, il a du caractère», nous glisse Sofie Karlsson, la fidèle groom de Christian Kukuk. À peine a-t-elle apparu derrière nous que Checker la suit du regard. Il sait, semble-t-il, qu’elle est en train de lui récupérer quelques gourmandises. Il n’en faut pas plus pour le rendre attentif: il pointe soudain les oreilles en direction des doux sons du seau de bonbons. «C’est le seul moyen pour le rendre beau sur les photos, et encore, ce n’est pas toujours une réussite», s’amuse Sofie.
Le temps que l’on commence à discuter, Checker retourne vaquer à ses occupations, presque vexé que l’on parle de lui sans s’y intéresser directement. «Je dis souvent qu’il a de nombreuses personnalités. Il est curieux, mais très indépendant, flemmard mais guerrier, sérieux mais drôle, câlin mais asocial.» Il a dû pourtant apprendre à faire avec de nombreux inconnus, ces derniers mois. Depuis leur sacre aux Jeux Olympiques de Paris, les projecteurs ne se sont évidemment pas braqués que sur Christian Kukuk. «Il reçoit beaucoup d’attention, tout le monde veut faire un selfie avec lui désormais ! D’ailleurs, je n’ai jamais autant été questionné sur son caractère, ses habitudes, son programme. Mais bon, c’est vrai aussi qu’il n’y a pas un cheval sur la planète qui a reçu plus de friandises que lui après l’or olympique», plaisante son cavalier. Mais le beau gris ne fait pas que gagner des médailles. Il fait aussi, parfois, des bêtises. «Quand je vous dis qu’il est intelligent… L’autre nuit, il s’est échappé de son box, et savait exactement où étaient cachées les carottes et autres friandises dont il raffole. Il n’est allé chercher que ce seau, pas celui d’à côté, où étaient les grains pour ses voisins de box ! Nous l’avons retrouvé le lendemain matin, tout fier, au milieu de l’écurie, attendant patiemment que quelqu’un vienne lui rouvrir son box.» Une vraie canaille !
Avant d’arriver dans les écuries de Christian Kukuk en octobre 2020, et d’avoir le parcours que l’on lui connait, Checker 47 a connu de nombreuses maisons, de nombreux cavaliers. «C’est peut-être effectivement l’une des raisons pour lesquelles nous avons dû gagner sa confiance. Il est d’ailleurs toujours un peu timide, voir méfiant, avec les gens qu’il ne connaît pas, raconte Sofie. Mais aujourd’hui tout le monde adore s’en occuper aux écuries.» Le gris westphalien de 14 ans est d’ailleurs plutôt paisible. Ses passe-temps favoris à la maison sont de brouter paisiblement dans son parc et de se promener dans les bois. «Il est très flemmard, il n’aime pas travailler. En revanche, dès qu’il entend le camion se parquer dans la cour, il piaffe d’impatience.» En piste, il se transcende, un vrai guerrier. «Il sait quand c’est dimanche, sourit Christian. Je pense qu’une pression positive peut beaucoup nous aider, chevaux comme cavalier, alors j’essaie de faire une routine différente lors des grands rendez-vous.» Une stratégie payante le 6 août dernier… Et qu’il espère à nouveau gagnante ce soir dans la finale du Top 10 Rolex IJRC ainsi que dimanche, bien sûr, dans le Rolex Grand Prix.
Aurore Favre
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