Freddie Mercury le chantait bien mieux qu’on ne pourrait la décrire tant elle porte bien son nom. On ne sait pas si elle garde ses bouteilles de champagne dans son joli cabinet, mais c’est certainement une dynamite avec rayon laser, garantie de vous époustoufler. Un appétit insatiable pour les victoires, un nom taillé sur mesure, c’est une vraie Killer Queen.
À notre arrivée au box, Killer Queen VDM mâche tranquillement son foin, qu’elle mouille à intervalles réguliers avec son seau d’eau. «Quand son foin est humide, impossible de la faire bouger. Elle ne réagirait que si Daniel ou Sean, son ancien groom, l’appelait», explique en riant sa groom Marine Renaudet. La Française a commencé à travailler pour Daniel Deusser quelques mois à peine avant l’arrivée de Killer Queen VDM. Pour autant, les deux ont une relation d’amour-haine. «Je suis parfaitement consciente qu’elle ne m’aime pas, plaisante Marine. Elle n’a de toutes façons d’yeux que pour Daniel, ou plutôt les hommes de façon générale. À l’époque où Sean travaillait encore avec nous, s’il l’appelait pendant qu’on la faisait brouter, il était alors impossible de l’arrêter ! Killer nous arrachait la longe des mains et fonçait vers son amoureux.» Preuve en est, le groom des voisins de box de Daniel Deusser siffle la jument belge. Cette dernière tend illico les oreilles en avant et sort la tête de son box pour quémander un bonbon ou une caresse. «Elle adore être le centre de l’attention. En revanche, si c’est son moment de repos, il ne faut pas la déranger. Elle est caractérielle – pas dans le sens saute d’humeur, juste celui d’avoir un fort caractère –, indépendante, et elle sait exactement ce qu’elle veut», raconte Marine.
La baie est une force tranquille, elle a une confiance folle en elle-même et n’est pas perturbable pour un sou. Elle aime aussi être stimulée, car s’adonne volontiers à tous les exercices et autres activités à la maison. «Son passe-temps favori reste bien sûr d’aller brouter, admet volontiers sa groom. Elle est aussi bourrée d’habitudes: une sieste le matin ou en début d’après-midi, couchée de tout son long dans son box, la tête parfois dans son seau de nourriture ! Mais son moment favori absolu, c’est lorsque la fille de Daniel, qui a 9 ans, vient s’occuper d’elle. La petite se met sur un tabouret, attrape une brosse un peu dure et la masse pendant une éternité. Killer est aux anges !»
Voilà désormais plus de sept ans que Daniel Deusser arpente les pistes du monde entier en selle sur sa formidable Killer Queen VDM. En sept ans, c’est une belle relation qui s’est créée entre la baie et son cavalier. Néanmoins, difficile pour lui de dire si c’est devenu sa préférée… «Elle m’a beaucoup apporté, c’est sûr. Et c’est certainement l’une de mes montures que j’ai depuis le plus longtemps», explique le cavalier allemand. Entre les deux, cela n’a cependant pas été un coup de foudre. La technique de saut particulière de la demi-sang belge a été relativement difficile à gérer à leurs débuts ensemble. «Elle voulait aller trop loin, trop vite. Elle a toujours eu le bon instinct, mais il a fallu que je m’adapte petit à petit à sa façon d’être, que j’accepte de la laisser faire, tout en travaillant ce qui pouvait l’être dans son talent inné. Lors de nos premiers parcours, je n’avais pas forcément un bon sentiment, mais le score restait presque toujours vierge.» Daniel Deusser espère bien que sa Killer Queen et lui pourront signer encore un sans-faute cet après-midi, et, pourquoi pas, peut-être une nouvelle victoire dans une étape du Rolex Grand Slam, une première à Genève. «La concurrence est rude, mais je sens Killer dans un bon état d’esprit. Nous avons une chance, c’est certain. Je crois qu’elle en a envie, de toutes façons elle ne fait que ce qu’elle aime, sourit-il. De tous les chevaux d’exception que j’ai eus, Cornet d’Amour, Tobago, First Class – ils auront tous toujours une place particulière dans mon cœur –, c’est aussi celle que je monte depuis le plus longtemps, et elle a toujours été constante. Elle est toujours là, au top, comme l’incroyable athlète qu’elle est à 14 ans.»
Aurore Favre
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