Pourtant, lorsqu’elle intègre les coulisses du Concours Hippique International de Genève en 1991, en tant qu’assistante du chef de presse Pierre-Alain Rattaz, elle ne connaît presque rien à l’équitation. « Je tiens à remercier Alban Poudret qui m’a soutenue, entourée et, surtout, expliqué les subtilités de ce sport. Je lui dois énormément. De fait, on peut ne pas monter à cheval, mais se passionner pour cette discipline. » Désormais, le concours genevois n’a plus de secret pour elle. Et pour cause : après quatre années passées comme assistante au bureau de presse, elle en prend les rênes en 1996, puis intègre le comité d’organisation.

Cela fait donc près de trente ans que Corinne met tout en œuvre pour répondre aux attentes des deux cents journalistes fidèles au poste chaque année. Pour cela, elle a su s’entourer de fidèles, soucieux de se donner pleinement au CHIG : « J’ai une petite équipe de dix bénévoles. Sans eux, je ne suis rien, ou pas grand-chose. Réquisitionnée pour mille demandes sur le concours, je ne suis pas souvent au centre de presse. Mais je le quitte toujours très détendue, car je sais que mon équipe est des plus fiables. Avoir réussi à composer cette équipe est l’une des choses dont je suis la plus fière. Nous sommes tous soudés. D’ailleurs, j’essaie toujours de faire en sorte que nous retrouvions de temps en temps en dehors du concours. »

À son poste, la cheffe de presse a pu répondre à mille et unes demandes, plus ou moins inattendues. Comme en cette année 1996 quand la Fédération équestre internationale (FEI), présente à l’occasion de la finale du circuit Coupe du monde, lui avait demandé de modérer l’une de ses conférences de presse. « À l’époque, la présidente de la FEI était Dona Pilar de Borbon, la sœur du roi d’Espagne Juan Carlos. En annonçant les intervenants, j’aurais dû commencer par elle, d’autant qu’il s’agissait d’une tête couronnée, mais je les ai présentés de gauche à droite ! Je n’ai donc introduit la présidente qu’en 3^e ou 4^e position ! Il paraît que les journalistes étaient morts de rire et que la présidente se liquéfiait sur place. Ma grande heure de gloire », en plaisante-t-elle encore.

Ces nombreuses années au service de presse lui ont aussi permis d’observer les évolutions de son métier, comme le passage du fax aux mails pour l’envoi des résultats : un soulagement ! Ou l’arrivée des influenceurs, qu’elle ne veut pas refuser d’emblée s’ils peuvent « apporter audience et visibilité ». Ou encore la prise de conscience des cavaliers pour démocratiser leur sport : « Il y a encore quelques années, il fallait parfois leur courir après pour les amener en salle de presse. Depuis 2010 environ, ils savent qu’ils ne doivent pas partir illico une fois leur épreuve terminée. Ils jouent désormais le jeu. »

Malgré son expérience, le stress grandit chaque année à l’approche du concours et reste tenace lors des fameuses conférences de presse. « C’est néanmoins un stress positif ! Le jour où je n’en aurai plus, je me poserai des questions, et il y aura peut-être quelque chose qui cloche », conclut-elle, déjà prête pour l’édition 2024.

Propos recueillis par Sophie Lebeuf