WATHELET Gregory (BEL) riding MJT Nevados S during the CHI Geneva on December 15 2019 in Geneva, Switzerland. (Photo by Scoop Dyga/Icon Sport) Gregory Wathelet et Nevados S dans le Rolex Grand Prix à Genève en 2019 - © Scoopdyga

De poulain à cheval de Grand Prix, la route est longue (5)

Faire naître l’un des meilleurs chevaux du monde, voilà ce dont rêvent la plupart des éleveurs. La route est pourtant longue avant que leur protégé n’atteigne des sommets. La vie du cheval, de sa conception jusqu’à son arrivée à haut niveau, est rythmée par de nombreuses étapes. Au travers de ses newsletters, le CHI de Genève vous a emmené sur les marches qui jalonnent cette aventure. Avec ce dernier volet, Grégory Wathelet nous parle de la transition majeure entre un bon jeune cheval et un crack de Grand Prix 5*.

Un palier décisif expliqué par Grégory Wathelet

Pour ce dernier chapitre sur l’élevage, il est question du passage des épreuves jeunes chevaux aux concours 5*. En effet, après s’être aguerris en compétition de 4 à 7 ans, le palier à franchir par les jeunes chevaux pour briller dans les Grands Prix 5* est important. Pour évoquer ce sujet, qui de mieux que Grégory Wathelet qui a emmené de nombreux chevaux jusqu’aux plus grands championnats ? La preuve avec son fidèle Nevados S, avec lequel il a remporté les championnats du monde des 7 ans à Lanaken avant de décrocher un titre de champion d’Europe par équipe à Rotterdam en 2019, une médaille de bronze olympique par équipe à Tokyo ainsi que de nombreuses victoires dans les Grands Prix les plus prestigieux de la planète... Parmi la relève actuelle du Belge, la talentueuse Flagship de Hus, par Cornet Obolensky et petite-fille de Banda de Hus, qui fut elle-même performante en 5* avec Grégory Wathelet, s’apprête à suivre la voie de ses illustres compagnons d’écurie.

WORLD CUP FINAL OMAHA 201701/04/2017JUMPINGGregory Wathelet (BEL) riding Forlap Forlap et Gregory Wathelet lors de la finale Coupe du Monde à Omaha en 2017 - © Scoopdyga

Mais existe-t-il un plan précis pour franchir ce cap ? «Pas vraiment, répond Grégory Wathelet. C’est un peu à la carte. Cela dépend du cheval, de la situation et de notre programme. J’ai eu la chance d’avoir des chevaux exceptionnels dans ma vie, comme Cortes et Forlap notamment: à 8 ans, ils sautaient déjà des épreuves 5*. Ils étaient hors du commun, mais je les ai aussi confrontés à de grosses épreuves parce que, à ce moment-là, je n’avais pas le piquet de chevaux dont je dispose aujourd’hui. Et inversement, Nevados et Corée ont percé dans l’année de leurs 10 ans. De nombreux paramètres rentrent en compte. Je ne sais pas s’il y a un vraiment un chemin idéal pour réaliser cette transition… et c'est tant mieux ! Chaque cavalier a sa propre manière de faire, et là est toute la beauté de notre sport. Le physique et le caractère de certains chevaux, ainsi qu’un contexte favorable, leur permettent parfois de se retrouver rapidement au plus haut niveau. Pour d’autres, on ne peut pas aller aussi vite, parce qu’ils ont besoin de plus de temps pour acquérir les compétences nécessaires.»

Flagship de Hus Flagship de Hus et Grégory Wathelet - © Julien Counet

Prendre de l’expérience

S’il n’existe pas de recette miracle, Grégory Wathelet précise tout de même un principe de base: «Il faut qu’ils aient des "kilomètres", qu’ils prennent de l’expérience, pour être en mesure de sentir ce qu’ils peuvent et veulent faire. Par exemple, Flagship de Hus, 9e aux derniers championnats du monde des 7 ans, va m’accompagner de temps à autre dans les épreuves des 8 ans ou dans des 140 cm l’an prochain. Et en deuxième partie de saison, il disputera quelques épreuves comptant pour le classement mondial. L’année des 8 ans reste une phase de transition, d’apprentissage du haut niveau. Puis à 9 ans, les chevaux peuvent généralement vivre leurs premières expériences des Grands Prix pour, dans l’idéal, être vraiment prêts à 10 ans. C’est un peu le plan, mais avec certains chevaux, cela peut aller plus vite.»

Une question de planning

Quant à savoir si, parmi les jeunes chevaux que le Belge compte dans son piquet, l’un d’eux sera sa star de demain, ce n’est pas si simple: «J’ai de prometteurs 7 ans, mais leur avenir dépend de nombreux facteurs. J’écoute avant tout comment ils se sentent, ce qu’ils peuvent accepter et j’analyse aussi leur physique. Mon programme a aussi un impact: par exemple, l’année prochaine, si je peux les emmener plus régulièrement avec moi en concours, ils avanceront plus vite. Au contraire, si mon planning implique davantage de concours de haut niveau, parce que ce sont les moments où je dois pouvoir compter sur des montures compétitives, ils progresseront moins rapidement. Prenons l’exemple de Nevados: il a franchi le cap du haut niveau à un moment où j’avais moins de chevaux disponibles. On lui avait donné la chance d’aller plus haut, et il a franchi ce palier avec facilité. Sans les absences de Corée et Forlap, peut-être que Nevados serait resté un super deuxième cheval. C’est donc toujours difficile à planifier, à expliquer, à faire comprendre aux gens qui ne sont pas dans le milieu, mais c’est ce qui fait la beauté des trajectoires de certains chevaux.»

Propos recueillis par Oriane Grandjean

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