Il ne passe certainement pas inaperçu, avec sa bombe colorée et scintillante, son regard bleu perçant, son bagou typiquement californien, et son couple supersonique avec la surdouée Caracole de la Roque. Heureux de vivre son premier CHI de Genève, Karl Cook ne se satisfera certainement pas de cela.
«Cela aurait dû être ma photo, sur la une de ton journal aujourd’hui (vendredi, ndlr.)», me dit Karl Cook tout de go, lorsque je lui demande une interview pour la présente publication. Il l’annonce avec le sourire, ne cachant cependant pas son regret d’avoir raté, jeudi soir, la victoire dans le Trophée de Genève. «J’ai fait une erreur, je ne peux pas me le permettre avec Caracole, elle est trop rapide pour cela.» Ce n’est pas la première fois qu’il le dit. Sa formidable jument est d’une intelligence rare, et d’une rapidité à couper le souffle, ne laissant qu’une fraction de seconde à son cavalier pour réagir. «En fait, c’est presque comme si elle avait déjà dix coups d’avance sur tout le monde. Je suis persuadé, quand elle rentre en piste et qu’elle pointe les oreilles en avant, qu’elle analyse tous les sauts. Comme si elle avait lu dans ma tête le tracé du parcours. Parfois, j’ai ce sentiment qu’elle sait avant moi où nous allons passer pour gagner du temps», analyse le sympathique Californien de bientôt 34 ans – il les fêtera le 25 décembre.
La surdouée selle française de 12 ans anticipe donc tous les mouvements de son cavalier. Cela permet souvent au couple de briller. Parfois, cela se passe moins bien. «Il a fallu beaucoup de temps et de travail pour que je la comprenne, que je sache comment la monter pour exploiter toutes ses qualités. Tu as déjà essayé de monter un cheval sans réfléchir ? C’est très difficile...» Beaucoup de patience et de travail donc, mais aussi une certaine confiance qui s’est évidemment installée entre ces deux-là. Depuis que la connexion s’est établie entre les deux complices, le succès est quasi systématique. De quoi donner encore plus de grains à moudre à la mentalité de gagnant de Karl Cook. «Je ne veux pas me satisfaire d’avoir simplement monté à Genève, même si c’était évidemment l’un de mes objectifs de venir un jour ici. Je veux laisser mon empreinte, remporter le Rolex Grand Prix.» Un objectif évidemment réalisable vu la forme du couple. Depuis octobre 2023, Caracole de la Roque et l’Américain sont irrésistibles. En or par équipe aux Jeux Panaméricains, en argent encore avec les États-Unis aux JO de Paris. Et puis en individuel, il a remporté le difficile Rolex Grand Prix de Rome en mai dernier et était deuxième un mois plus tard dans celui de La Baule.
Il fallait bien une jument hors du commun pour un cavalier excentrique. Si Caracole de la Roque a toujours détonné sur les terrains de concours par son génie, Karl Cook a une façon bien à lui de marquer les esprits. De la tête aux pieds, tout – ou presque – est original chez lui. Il me montre ses bottes en cuir, qu’il a lui-même imaginées. Sa bombe colorée et scintillante est également le fruit de son imagination. «Tu vois la veste de Yuri Mansur ? Ce jaune un peu fade ? Est-ce que tu penses sincèrement qu’il aime cette couleur, que quiconque aimerait porter ceci ? Mais cela laisse une trace dans l’esprit des gens qui connaissent un peu moins les cavaliers. Ils savent rapidement qui est Yuri. Le règlement fait que nous nous ressemblons tous un peu à cheval. Mais il permet aussi que je personnalise mon casque comme je l’entends, alors je profite de cette "faille", si je peux l’appeler comme ça.» À l’époque, il avait déjà contourné un peu les codes en défilant sur les places de concours avec des vestes de couleurs toujours différentes, et en assortissant son… nœud de papillon avec ! «Ce n’est pas vraiment autorisé d’avoir autre chose qu’une cravate blanche», avoue-t-il avec un clin d’œil. Casque flashy, vestes excentriques, bottes personnalisées ou non, son franc-parler, son sourire chaleureux et son caractère abordable en font un cavalier qu’il est difficile d’oublier.
Aurore Favre
Ton idole ?
Eric Navet, même avant qu’il ne devienne mon coach, voici un peu plus de 12 ans.
Ta série préférée ?
Game of Thrones.
Ton idée du bonheur ?
Passer du temps avec ma femme, ma famille, mes chevaux.
Ton film favori ?
Harry Potter, sans hésiter. Ne me demande pas de choisir entre tous les films, en revanche, ils ont tous un petit truc que j’aime un peu plus !
Le son que tu préfères ?
Est-ce que tu connais ce son que font les chiens quand ils dorment paisiblement ? Ce n’est pas un ronflement, juste une espèce de ronronnement que j’adore.
Ton juron favori ?
Tous ! Mais celui que je dis certainement le plus est «shit» (rires). Je me souviens qu’Eric m’avait fait faire un exercice de barres au sol au début de notre collaboration. Je n’arrivais pas à le réussir. À chaque passage raté – et ils étaient nombreux –, je lâchais un «shit», et Eric, très calme, me disait simplement «recommence». (rires)
Ton souvenir le plus heureux ?
Mon mariage ce printemps avec Mackenzie.
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