Comme chaque année désormais, votre newsletter vous propose, tout au long du calendrier, une série dédiée à une thématique. En 2025, place aux nouvelles générations de cavaliers, aux fils et filles de – sans népotisme, bien entendu ! Pour ce quatrième épisode, dans la famille «dynastie de cavaliers», on s’éloigne un peu de la selle… pour s’atteler aux Ulrich, meneurs passionnés de père en fils.
Pour relire les premiers numéros de notre série consacrée aux dynasties de cavaliers, c'est par ici :
Épisode 1 : Bryan et Mike Smits
Tous deux membres de l’équipe de Suisse aux derniers championnats du monde d’attelage à deux chevaux cet été à Beekbergen (Pays-Bas), Werner et Stefan Ulrich embrassent la même passion pour cette discipline qu’ils ont choisi de vivre en famille. Sous l’exemple d’un père compétiteur et chevronné, le fils a suivi la même voie dès son plus jeune âge.
En attelage, la famille Ulrich perpétue la passion de cette discipline de père en fils. Tout a commencé pour Werner – le père – il y a près de 45 ans, lorsqu’un copain lui propose de l’accompagner sur un concours. Dès lors, celui qui montait déjà à cheval est conquis. « Je pense que cela m’a lancé, mais cette envie d’atteler existait sans doute en moi depuis toujours. Et pour cause, mon grand-père, dans les années 1900, faisait du transport de marchandises en voiture à cheval. Cela a dû semer en moi l’amour des attelages et l’envie d’essayer », nuance l’intéressé.
Dès lors, le meneur ne fait pas les choses à moitié ! D’abord à un cheval, il drive ensuite en paire avant de se lancer dans l’attelage à quatre chevaux. « J’étais électricien à côté, comme mon fils aujourd’hui, et j’ai patiemment gravi les échelons. » Dans cette discipline qui demande beaucoup de temps et de logistique, Werner inscrit son nom dans l’histoire : avec un cumul de vingt victoires dans le championnat national (en catégories team et paire), il devient même champion du monde d’attelage en paire en 1991 à Zwettl, en Autriche, puis champion du monde à quatre chevaux, à Rome en 1998. « Nous sommes les seuls avec le Hongrois Zoltan Lazar à avoir obtenu ces titres de champion du monde individuel dans les deux catégories », avance-t-il, fier du chemin parcouru.
Fort de ces résultats et de cette expérience, il est appelé en 1997 par le Centre équestre national suisse (NPZ) pour devenir le responsable attelage de la fédération. Totalement investi dans sa discipline, il participera plus tard à la mise en place et à la création du règlement dédié au circuit indoor de la Coupe du monde, au début des années 2000. Werner Ulrich a par ailleurs plus d’une fois foulé la piste du Concours Hippique International de Genève. « C’est une arène où le terrain a toujours été très bon, dans une superbe ambiance. Ce sont de beaux souvenirs », précise-t-il.
Le fils suivrait-il les traces du père ? Actuellement compétiteur en attelage à un cheval et en paire, Stefan marche dans les pas de son père depuis son plus jeune âge. « Tout petit déjà, j’aimais les chevaux et aller en compétition en famille. On pourrait dire que ça coule dans mon sang. Pourtant, mes parents ne m’ont jamais mis la pression. Ils ont attendu que nous soyons vraiment passionnés pour nous offrir un premier poney Shetland à ma sœur et moi », explique le jeune homme de 27 ans. « J’ai toujours vu mon père comme un mentor, et j’ai sans cesse voulu faire aussi bien que lui. C’est un modèle. Pour moi, il n’y a pas de meilleur professeur, même si désormais, il m’arrive aussi parfois de l’inspirer ! Honnêtement, vivre cette passion en famille est vraiment ce qu’il y a de mieux », confie-t-il avec le sourire.
« Il a commencé à atteler à 6 ans, reprend Werner. À force de me voir faire, je pense que cela lui a donné envie. Depuis, je le coache. Nous nous entendons très bien et n’hésitons pas à discuter sur certains points techniques. Et nous cherchons toujours à trouver le meilleur pour nos chevaux ». Des propos confirmés par Killian Jaunin, responsable attelage du CHIG et, surtout, membre du team de Werner : « Tous les deux sont exigeants dans leur travail, mais vont toujours dans le sens du bien-être de leurs chevaux. D’ailleurs s’ils passent à côté d’une épreuve ou sont pénalisés sur un exercice, ils en prennent toujours la responsabilité, ne remettant jamais en cause l’attitude de leurs partenaires à quatre pattes. »
Depuis 1985, c’est dans la ferme familiale que les chevaux des deux meneurs vivent et sont travaillés. « J’ai davantage de temps que Stefan pour m’en occuper au quotidien, alors généralement, il récupère les chevaux les plus expérimentés pour son attelage, et je conserve les plus jeunes », explique le paternel. Électricien, comme son père, Stefan continue de se former professionnellement. S’il se plaît en attelage en paire, projette-t-il de s’essayer à la catégorie reine de sa discipline ? Le jeune homme reste pragmatique : « Pour l’instant, c’est plus simple de rester à un ou deux chevaux d’un point de vue logistique. Cela nous permet de partir en compétition avec un seul camion, en famille. »
S’il n’attèle pas lui-même à quatre chevaux, Stefan endosse régulièrement en compétition le rôle de groom sur la voiture de son père. Celui qui y prend « autant de plaisir » qu’à mener lui-même, aura d’ailleurs peut-être l’occasion d’être présent au CHIG de Genève cette année comme… groom d’écurie de Boyd Exell. « Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. Entre meneurs, nous nous connaissons bien, et c’est aussi l’occasion de les observer et de leur poser des questions, tant d’un point de vue du sport que du commerce, par exemple », explique Stefan. Quelles sont alors ses prochaines ambitions ? « Les championnats du monde à un cheval l’année prochaine. Après ma médaille de bronze en 2024, j’y vise à nouveau un bon résultat. » Pour y parvenir, il pourra sans aucun doute compter, une fois de plus, sur le soutien indéfectible et les conseils avisés de son père, heureux d’avoir su construire cette relation unie autour d’une passion commune.
Sophie Lebeuf
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