Comme chaque année maintenant, votre newsletter vous propose, tout au long du calendrier, une série dédiée à une thématique. En 2025, place aux nouvelles générations de cavaliers, aux fils et filles de – sans népotisme, bien entendu ! Et pour ce premier épisode de notre série, dans la famille «Dynastie de cavaliers», je demande les Smits.
Direction les écuries de Chevenez, dans le canton du Jura, en Suisse. C’est là que Dehlia Oeuvray-Smits, elle-même fille de cavaliers, et son mari Edwin Smits s’activent depuis 2003 à la tête d’une structure présentant plusieurs activités : centre équestre, centre de formation de cavaliers et écurie de commerce, organisation de concours nationaux et internationaux. Tous deux anciens professionnels de haut niveau, Dehlia, victorieuse de la Coupe des Nations d’Aix-la-Chapelle en 2002, a raccroché les bottes à l’heure du Covid, tandis que son époux, néerlandais de naissance mais ex-pilier de l’équipe de Suisse élite, s’est retiré des compétitions internationales voilà un an. Désormais, ils se consacrent pleinement à leur structure et à la formation de leurs fils, qui sont bien décidés à prendre le relais.
À 19 ans, Bryan est en passe de terminer son Certificat fédéral de capacité de professionnel du cheval. À la tête d’un piquet de huit chevaux, l’aîné de la fratrie s’investit pleinement pour répondre à la confiance des propriétaires et valoriser les chevaux de commerce de l’écurie familiale. Évoluant sur le circuit U25 et s’étant déjà illustré à l'occasion des championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, le jeune homme est aux portes du plus haut niveau. Dans ses pas, Mike, 15 ans, compte aussi faire du cheval son métier, ayant déjà engrangé pas mal d’expérience, notamment en catégorie Children. Pourtant, si l’un et l’autre sont tombés dans la marmite dès leur plus jeune âge, leur passion pour ce sport n’a pas été immédiate. « J’ai toujours vu monter mes parents, donc c’était un peu comme une évidence pour moi. Mais à vrai dire, cela ne me plaisait pas trop. Le déclic est toutefois venu grâce à la compétition et à un cheval de famille que nous avons tous monté, For Love de la Velle. Voir tous les trophées de mes parents à la maison me donne aujourd’hui la motivation de devenir au moins aussi bon qu’ils l’ont été », entame l’aîné, avant que le benjamin ne renchérisse : « Au début, je n’étais pas vraiment fan, mais je ne savais pas si j'avais le droit de le dire. Et puis, à force de monter, j’ai commencé à aimer. Maintenant, j’adore, et Bryan me motive à devenir meilleur. »
Pour leurs parents, cette orientation s’est faite plutôt naturellement. « Comme Bryan avait des facilités à l’école, nous l’avons d’abord un peu poussé à entamer des études », explique Dehlia. Mais le jeune étudiant ne se retrouve pas dans cet univers. « Après avoir réalisé que je voulais m’orienter à fond dans l’équitation, j’ai quand même entamé une année d’étude, car mes parents craignaient que je ne sois pas assez passionné. Mais ce n’était vraiment pas pour moi : je suis né dans les chevaux, je mourrai sur un cheval… », affirme-t-il avec ferveur. Exit donc le cursus universitaire. Place au Certificat de capacité de professionnel du cheval. Une voie suivie aussi par Mike, qui a pu, lui, partir directement dans cette voie. Cette formation, l’un et l’autre la font dans la structure familiale, leurs parents étant ainsi leurs professeurs et coaches. « Même si ce n’est pas toujours simple d’être entraîné par ses parents, j’ai la certitude qu’ils veulent le meilleur pour moi et qu’ils feront tout pour que j’atteigne le plus haut niveau », explique Bryan qui espère, cette année, pouvoir rapporter une médaille pour la Suisse lors des championnats d’Europe Jeunes Cavaliers et, qui sait, se lancer sur son premier CSI 5* !
À plus long terme, les deux garçons ont des étoiles dans la voix quand ils parlent d’avenir. « En voyant mon père en piste les deux dernières années de son activité, ça m’a vraiment motivé. J’ai découvert des concours où j’ai vraiment envie d’aller. Je rêve de fouler un jour les pistes de Genève, de Calgary et d’Aix-la-Chapelle ainsi que de participer aux Jeux Olympiques », reconnaît le benjamin. Quant à Bryan, ses espoirs sont nombreux, même s’il garde les pieds sur terre : « Mon plus grand rêve serait d’écrire mon nom dans l’histoire de l’équitation. Mais briller dans un concours comme Genève serait déjà merveilleux. Rien que d’en parler, j’en ai la chair de poule. J’ai d’ailleurs déjà eu la chance de concourir à Palexpo dans les épreuves U25 en 2024 (ndlr. il s’est d’ailleurs classé 11e dans le GP Land Rover Discovery !) et 2023. Si j’accède au plus haut niveau, je ne suis pas sûr que je puisse en plus prendre la suite de mes parents dans la gestion de la structure de Chevenez. Toutefois, dans le cas où je ne serais pas assez bon, ou que ce milieu si exigeant ne me plaise finalement pas, je pourrai alors m’orienter sur le développement du commerce, par exemple. Tout seul, je ne pourrai pas mener de front sport de haut niveau, centre équestre, de commerce, de formation… Mais avec Mike, pourquoi pas, si nous travaillons ensemble. »
De beaux projets en perspective, et une fierté pour Dehlia et Edwin. « Nous avons un grand domaine qui demande beaucoup d’énergie. Quand les garçons ont eu envie d’en faire leur métier, cela m’a aussi permis de passer le relais sportif et, maintenant, nous mettons tout en œuvre pour les aider dans leur projet et garder la structure », avance le paternel. « C’est une grande joie de pouvoir vivre tout cela en famille et de partager une telle passion », conclut Dehlia. Décidemment, une belle histoire de famille.
Propos recueillis par Sophie Lebeuf
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