Où sont les femmes ? (6/7)

Cavalières, cheffes de piste, vétérinaires, grooms, directrices sportives et organisatrices d’événements 5*, éleveuses, maréchales-ferrantes, speakerines de concours… La liste est longue. La gent féminine embrasse une part de plus en plus importante dans la filière équine. Et que dire des femmes de cavaliers internationaux qui vouent souvent leur vie à la carrière de leur mari, ou de ces mères qui vibrent à chaque départ en piste de leur progéniture ? Pour rendre hommage à toutes ces femmes, et tenter de répondre aux questions sous-jacentes de leur place dans l’industrie équestre et aux nombreux paradoxes qui s’y dessinent, une série spéciale leur est dédiée dans les sept newsletters du CHI de Genève qui rythment votre année 2023. Pour ce sixième épisode de notre série, nous nous sommes entretenus avec Marena Liuzzi, fidèle steward depuis de nombreuses années au CHI de Genève.

Marena Liuzzi ou la passion d’être steward

« Nounous » des chevaux et des cavaliers, mais également surveillants généraux des bonnes pratiques de l’équitation et du bien-être animal, les stewards œuvrent dans l’ombre pour permettre aux grands événements de s’illustrer dans la lumière. Heureuse de jouer ce rôle ô combien essentiel depuis plusieurs décennies maintenant, l’Italienne Marena Liuzzi est fidèle à son poste à Genève. Plus qu’un métier, elle parle de vocation, et s’enthousiasme sans demi-mesure pour cette mission. Rencontre.

Toujours élégants, discrets mais efficaces, les stewards, ou commissaires, sont des maillons essentiels au bon déroulement d’un concours. « Le but d'un steward est de s'assurer que tout se passe de la manière la plus sereine possible dans une compétition, en garantissant toujours le respect des règlements de la Fédération Équestre Internationale, entame Marena Liuzzi. La devise du steward est : "Aider, prévenir et intervenir." Notre présence sur les concours sert donc à faciliter la vie sportive des chevaux et des cavaliers. Nous sommes des sortes d'anges gardiens : nous prenons soin des protagonistes d'un concours à 360 degrés », Omniprésents, ils veillent au grain et cumulent les postes sur un même événement : « Nous sommes non seulement au courant du déroulement d'une journée de compétition, de la disponibilité des terrains pour le travail des cavaliers, et en possession de tous les contacts utiles pour résoudre un éventuel problème, mais nous assurons aussi une présence sur le terrain d’échauffement avant la compétition. Enfin, nous sommes également aux écuries pour garantir une certaine sécurité. » Pour cela, les stewards tissent de bonnes relations notamment avec les grooms des cavaliers afin d’être leur premier répondant en cas de souci. « En bref, nous sommes là pour les chevaux, les cavaliers et les grooms afin que tout soit confortable et que tout se déroule selon les règles. », conclut-elle. Un sacré programme !

Marena

Fort heureusement, ils sont toute une équipe pour mener à bien ce challenge. Et pour ce faire, tous ont suivi un parcours banalisé, imposant certaines conditions : « Pour devenir commissaire, il faut avoir pratiqué ce sport à un niveau compétitif, puis passer des examens, d'abord au niveau national et, si vous remplissez les conditions requises (la connaissance de la langue anglaise est fondamentale, par exemple), vous commencez votre carrière internationale en passant toujours des examens d’évaluation. » Voilà maintenant trente ans que Marena arpente les terrains de compétition, été comme hiver, en indoor comme en extérieur. Retraitée d’un poste dans le domaine de la santé, elle s’adonne désormais pleinement et toute l’année à son rôle de steward à l’occasion des concours internationaux ou à celui de juge sur des compétitions nationales. « J'effectue ce travail depuis 30 ans. Cependant, je tiens à préciser que je ne considère pas cela comme un travail, mais comme une vocation. Il m'arrive d'œuvrer dans des conditions extrêmes de chaleur, de froid ou encore de pluie pendant 10 à 14 heures par jour, mais je ne me dis jamais qu'il aurait été préférable de rester chez moi sur un canapé à regarder un bon film... Tout me plaît dans ce rôle, mais j'aime surtout la relation avec les chevaux et les cavaliers, ainsi que l'observation de leur travail lorsqu'ils sont en selle... Je suis enchantée ! » Témoin clé de l'évolution du monde équestre depuis plusieurs décennies, la passionnée peut confirmer l’avancement du milieu du jumping dans la quête du bien-être animal, sujet particulièrement sensible depuis quelques années : « Tout change, et pour le mieux. Chaque année, de nouvelles règles garantissent de plus en plus le bien-être des chevaux. »

À Genève, sept commissaires s’entraident pour le bon déroulement de l’événement. Si ce poste est souvent tenu par des hommes, Genève fait la part belle aux femmes puisque quatre seront sur le terrain, accompagnées de trois homologues masculins. Sur ce sujet, Marena est très claire : « Notre sport est le seul dans lequel il n'y a pas de différence entre les sexes. Les hommes et les femmes concourent dans les mêmes conditions. Cela se reflète également dans notre domaine. Nous sommes tous absolument égaux, et je n'ai jamais eu de difficultés à travailler avec des hommes, ne me suis jamais sentie discriminée. »

L’édition 2023 du Concours Hippique International de Genève marquera la 20e année de collaboration entre le Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping et Marena Liuzzi, steward accomplie. « Genève est considéré comme le plus bel indoor du monde, et je le confirme ! Cette compétition est vraiment spéciale avec l'atmosphère de Noël qui vous enveloppe dès que vous franchissez le seuil de l'entrée, la musique du concours, le professionnalisme de tous ceux qui travaillent sur l’événement, le grand nombre de bénévoles si bien organisés… Tout le monde, et je dis bien tout le monde, est vraiment professionnel. » Comment définirait-elle alors le CHIG en un mot ? « C'est la perfection à tous points de vue, et je me sens honorée de faire partie de cette grande famille depuis tant d'années. C'est le concours que j'attends avec impatience chaque année ! Tout est parfait», s’enthousiasme-t-elle, à quelques jours du lancement de l’événement. Ouvrez donc les yeux : si vous observez une femme blonde, élégante, souriante, calme et polie évoluant discrètement non loin des paddocks, de la piste ou des écuries, c’est que vous verrez Marena à l’œuvre. Avec passion et professionnalisme, assurément !

Propos recueillis par Sophie Lebeuf

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