Christian Aschard, concepteur et fabricant des obstacles du Cross Indoor
—Le défi de l’indoor
Si Genève en est à son 4e Cross Indoor, et que d’autres concours ont
suivi le mouvement ces dernières années, il n’en demeure pas moins
que ces épreuves à l’intérieur constituent un exercice particulier
pour les cavaliers, les chevaux et les constructeurs. «A mes yeux,
le cross indoor n’est pas une compétition, mais une exhibition. C’est
un show qui permet de mettre la discipline en vitrine et de toucher
un autre public. Les spectateurs sont des amoureux du cheval, mais
souvent plutôt axés saut, dressage ou attelage. C’est donc une très
belle opportunité de mettre en avant le concours complet.» Mais
en intérieur, le constructeur et le chef de piste doivent faire face à
d’autres défis. Premièrement, la mise en place doit être très rapide.
Samedi en début de soirée, l’équipe de Christian Aschard, forte de
quatre personnes armées d’un élévateur, ne disposera que de 35
minutes pour mettre en place des obstacles sur la grande piste et le
carré d’échauffement. «C’est une véritable course contre la montre !»
D’autant que les obstacles pèsent entre 500 et 800 kg, parfois même
jusqu’à une tonne.
Deuxièmement, la sécurité doit être optimale. «Elle est déjà notre
principale préoccupation lorsque l’on élabore des obstacles de cross
pour l’extérieur. Mais en indoor, nous devons redoubler de vigilance.
Faire sauter des obstacles fixes aux chevaux dans un espace restreint
constitue un sacré défi. Sans oublier que les cavaliers, grisés par les
Alexandra Claude
—Des heures à observer
Christian Aschard n’a jamais monté en compétition, mais il a l’oeil,
comme on dit. «N’importe quel menuisier peut construire un obstacle.
Mais l’enjeu, c’est qu’il soit «sautable» !» L’homme a passé des
centaines d’heures à observer. Pas uniquement les chevaux, pas
uniquement les obstacles, mais surtout le comportement des chevaux
face à ces derniers. Leur manière de les appréhender, de les aborder.
Cette période d’observation lui a permis d’emmagasiner un grand
nombre de connaissances, et d’apprendre à dompter les contraintes
techniques. «Il y a tellement de choses à prendre en compte. A force
d’observer, vous savez où le cheval va prendre sa battue. Mais pour
cela, il faut aussi considérer les caractéristiques du terrain, la pente,
l’enchaînement. Ce n’est pas la même chose si l’obstacle se trouve
au début ou à la fin du parcours par exemple… Lorsque l’on construit
un obstacle, il faut donc savoir où il va prendre place.» C’est ainsi que
le constructeur d’obstacles devient en fait un architecte du concours
complet. Il travaille en étroite collaboration avec le chef de piste
et l’organisateur. Il n’en va pas autrement à Palexpo où Christian
Aschard et son équipe oeuvrent en grande complicité avec le maître
de la piste, le Suisse Peter Hasenböhler.
acclamations du public, qu’ils entendent beaucoup mieux qu’en pleine
nature, sont incités à prendre des risques. Je choisis en général des
obstacles plus faciles, parfois même avec un élément tombant sur le
dessus, au risque de dénaturer quelque peu l’essence même de ce
sport qui consiste à sauter des obstacles fixes. Toutefois, à Genève,
la donne est un peu différente; la halle est tellement grande ! C’est
un espace magique à mes yeux, qui plus est avec ce gué permanent
(ndlr. le lac).»
Le public genevois se souvient certainement de l’impressionnante
«araignée» qui avait été dressée en 2015 sur la piste de Palexpo. Cette
année, Christian Aschard et son équipe tenteront également de créer
la surprise, pour autant que le timing le permette. Mais une chose est
sûre, le spectacle sera palpitant, et vous ne regarderez certainement
plus les obstacles du même oeil !